Depuis sa création jusqu’au réaménagement que nous en avons fait, le Plateau 25 est un espace conçu pour stimuler les rencontres, les échanges, le bien-être et la création. Récit d’une enquête passionnante.
Ce lieu a une histoire, c’est certain. Nous nous lançons dans les recherches sur cet espace intrigant. Nous sonnons aux portes des rues environnantes et rencontrons une voisine, Simone (101 ans !!). Elle vit rue du Commandant-Rivière depuis toujours. Son mari travaillait à la « Manu », l’usine à tabac qui faisait vivre le quartier. Elle a donc vu évoluer ce coin ouvrier et a connu notre nouvelle maison dans son premier état : L’Union Ouvrière. Elle nous prête un livre, Le quartier de Coulmiers et la Paroisse Saint-Élisabeth, où nous découvrons alors toute son histoire. La proximité avec notre projet est frappante, l’attention portée au bien-être et au partage touchante.
L’union ouvrière
L’œuvre de l’abbé Jallais (…) c’est à la veille de la première guerre, en 1912, qu’il fonda une mutuelle de secours appelée l’Union Ouvrière, et fit bâtir une vaste salle rue du Commandant-Rivière.
On peut lire dans le bulletin mensuel de l’Union Ouvrière d’avril 1914 ceci : «… sous le nom de l’Union Ouvrière, il a été fondé, rue du Commandant-Rivière, une association ayant pour but :
- De grouper sans distinction de partis les travailleurs qui voudraient y adhérer.
- D’étudier en commun les questions religieuses, sociales et ouvrières.
- De travailler au bien-être matériel et moral de ses membres. »
Pour atteindre ce but les ouvriers s’appuient sur le précepte de l’évangile : aimez vous les uns les autres .
L’Union Ouvrière est donc une association de travailleurs, elle recrute ses membres plus particulièrement dans le quartier ouvrier de la paroisse Saint-Donatien, le quartier Coulmiers.
– Chaque 15 jours : prières, lecture de l’évangile, communion, causerie sur un sujet religieux, social ou historique. Chacun peut y prendre la parole.
– Chaque mois : un membre de la Société des Conférenciers Populaires donne une conférence pour les familles, avec projections, monologues, chansonnettes et tombola.”
« Le temps passa et l’apparition (…) de la J.O.C. fit un peu perdre à la salle de la rue du Commandant-Rivière sa première vocation, elle fut pourtant, pendant des années un lieu de rencontre et de distractions pour les gens du quartier, elle a vu défiler sur les planches des acteurs (…) et au cours des ans, les applaudissements ne manquèrent jamais (…). C’est aussi un cinéma de quartier et cela le restera longtemps, bien après la guerre. »
« Dans la nouvelle paroisse, pleine de projets, avec sans cesse de nouvelles réalisations en cours, il fallait bien trouver des manifestations rentables, autres que les quêtes et puis, surtout, faire la fête ensemble, c’est une façon de se réunir différente mais qui peut aussi exprimer la joie et l’attention aux autres. C’est si vrai que tous les gens du quartier, paroissiens fidèles ou non, s’y retrouvaient dans la gaieté et la bonne humeur.
Le cinéma. Il proposait en novembre 1946 Entente Cordiale et Graine au vent. Car il y avait toujours le cinéma de l’Union Ouvrière. En 1948 on procéda à la construction d’une vraie cabine de projection. La vie du cinéma ne devait prendre fin qu’en 1963, quand la salle fut louée pour servir d’entrepôt. Mais tout le personnel avait été bénévole, bien entendu, et composé de paroissiens tout le temps que dura l’affaire. »
Fascinés, nous continuons notre enquête, qui nous mène à cette cabine de projection, à un article parlant de Pierre Guérin, projectionniste de ce cinéma, « amateur de cinéma et cinéaste amateur » (note de bas de page : 2. Pierre Guérin, amateur de cinéma et cinéaste amateur, Gilles Ollivier, Communications, 1999, vol 68, numéro 68. On y trouve ses mots pleins de nostalgie pour le lieu :
« Entre 1948 et 1952, j’ai été projectionniste adjoint à l’Union Ouvrière. C’était dans le quartier populaire de Doulon, près de la Manu. Je me souviens encore de l’odeur, du son et de la magie de cette salle ».
Et plus émoustillant encore, à propos du premier film qu’il a réalisé :
« L’idée du film m’est venue un dimanche soir, sur le coup de 6 heures, et c’est dans une espèce de fièvre que j’ai composé le scénario, pendant la soirée, tout en opérant dans la cabine de l’Union ouvrière. ».
Nous ne résistons pas à l’envie de le contacter, et au téléphone, il nous raconte ses souvenirs de la salle, de ses différents espaces, son parcours de passionné du 7ème art qui ne s’est toujours pas arrêté.
Nous ne cessons alors pas non plus notre fouille exaltée, et découvrons cette carte postale de l’intérieur du bâtiment dont la correspondance date de 1912.
… et ces affiches des années 50 probablement
Et l’enquête n’est pas terminée ! N’hésitez pas d’ailleurs à venir nous raconter vos souvenirs de ou avec cet établissement plein de surprises !
Et depuis mai 2015, nous construisons les nouveaux pans de son histoire, à l’aide d’acier, de verre et de bois. Nous avons installé notre espace de vie à l’étage, et avons terminé les travaux nécessaires dans tous les autres espaces pour vous accueillir depuis février 2016.
En savoir plus : Qui-sommes nous ?